Très bon exposé de Asselineau sur l'historique de l'Ukraine : un vrai 'faux' pays
Merci pour cette vidéo d'Asselineau. C'est agréable d'entendre quelqu'un qui cherche à s'informer, et qui comprend que l'Ukraine a des parties différentes, dont une qui est russe.
Malgré tout, je vais jouer le rôle du vilain petit canard en pointant les faiblesses et les erreurs de son exposé.
- Les lettre "Kh" ne se prononcent pas "K", mais "R", ou plus précisément comme la jota espagnole, et ses équivalents en arabe, en néerlandais, en écossais, en hindi, etc. Donc Asselineau devrait prononcer Rhanat et non Kanat, Rharkov et non Karkov, Rherson et non Kerson. En cyrillique, c'est un X qui est utilisé. Les linguistes ont stupidement choisi la transcription KH, comme pour l'arabe. (Au passage notons que l'oligarque qui était le plus riche d'Ukraine, est appelé à tort A-Kme-Tov, par les mauvais journalistes occidentaux, au lieu de A-RHme-Tov, qui dérive évidemment de Arhmed, Ahmed, qui est Mohamed. Le suffixe -tov fait croire qu'il est russe, alors qu'il est arabe.)
- Asselineau oublie de parler des Slaves.
C'est dommage, parce que le berceau des Slaves est l'Ukraine. L'alphabet russe dérive du grec. L'ancien russe, dénommé slavon, était parlé en Ukraine avant d'être exporté en Russie. La religion des Slaves, le christianisme orthodoxe, vient de sainte Hélène, la mère de l'empereur romain d'orient, Constantin. C'est pour ces raisons que les Ukrainiens se revendiquent comme étant de vrais Slaves, ainsi que de vrais européens, contrairement aux Russes qui seraient de faux Slaves, étant plutôt asiatiques et un peu finlandais.
- Le terme "Rus' de Kiev" est très mal utilisé par Asselineau.
Pour lui, c'est la région de Kiev entre 1654 (le traité de traité de Pereïaslav) et 1711 (la création du Gouvernat de Kiev).
C'est très différent de l'usage habituel de ce terme qui est de l'appliquer à la région de Kiev entre 864 (l'arrivée des Vikings) et 1234 (l'arrivée des Mongols).
Pour infos voici deux cartes de la Rus' de Kiev :

Cette première carte correspond à la réalité d'un empire slave très morcelé.

Cette seconde carte, avec sa couleur verte généralisée est un outil de propagande faisant croire à une unité qui n'existait pas.
- Asselineau met en avant la Grande Katharina au détriment de Pierre Le Grand.
Il s'agit d'une erreur souvent commise en Occident. En réalité, l'Ukraine est entrée, de facto, dans l'empire russe, en 1709, lors de la victoire de Pierre Le Grand contre Charles XII à Poltava.
A partir de là, l'Ukraine est devenue vassale de la Russie. Un siècle et demi plus tard, vers 1780, l'impératrice Catherine II, n'a pas vraiment fait la guerre, mais a maté la rébellion turque qui n'acceptait pas cette dépendance. La guerre Russo-Suédoise fut beaucoup plus importante que la guerre Russo-Turque. Tous les écoliers ukrainiens et russes apprennent la bataille de Poltava comme les écoliers français apprennent (apprenaient) la bataille de Poitiers.
Le grand apport de Catherine II fut la création de l'administration ukrainienne par le découpage en régions appelées "gouvernats" (ou "gouvernements" selon les traducteurs), comme Napoléon a créé les départements français, qui se gèrent de manière plus homogène, plus standardisée, que les anciennes seigneuries.
- Asselineau se trompe sur l'importance de Kiev.
Pour lui, cette ville fut toujours la capitale, ou quasiment la capitale de l'Ukraine. En fait l'Ukraine n'était pas centralisée autrefois. Avant 1850, Kiev n'était qu'un village ou une petite ville. L’appellation "Rus' de Kiev" est trompeuse. Voici un graphique de la démographie de Kiev, issu de l'article de Wikipedia en russe sur Kiev :
- Asselineau est complotiste en prétendant que l'Holodomor (les grandes famines des années 30) vient de la volonté d'affamer les Ukrainiens pour les soumettre.
Il s'agit d'une désinformation, d'une propagande ukrainienne. En réalité, les famines sont dues à cinq facteurs :
-- 1. La collectivisation des terres causée par l'idéologie communiste extrême.
-- 2. La redistribution des céréales vers la Russie causée par l'égalitarisme qui est aussi une tare du communisme. En effet, les Russes ayant moins de production agricole, depuis toujours, à cause du climat et des terres plus pauvres, il apparaissait normal et juste, dans l'esprit des communistes, de prélever une partie à l'Ukraine pour le répartir sur tout l'empire.
-- 3. Une mauvaise gestion généralisée des stockages, des transports et des moulins, qui a entrainée un pourrissement des graines récoltées. Cette mauvaise gestion vient encore du communisme.
-- 4. L'isolement de l'URSS par les puissances capitalistes, qui ont refusé de vendre des tracteurs, etc.
-- 5. L'accroissement moyen mais non négligeable, de la démographie de l'ouest de l'Ukraine.
- Asselineau ne réalise pas l'impact très important de la guerre de 39-45.
Les Ukrainiens ont eu environ 7 millions de morts, ce qui est immense, comparé, par exemple au 1,4 millions de morts français pendant la guerre de 14-18. De plus, il y a eu beaucoup de départs à l'étranger. En conséquence, l'Ukraine s'est retrouvée vidée en 1945. Pour compenser, il y a eu une grande arrivée d'immigrés venant principalement de Roumanie et de Russie, ainsi que secondairement de Turquie, de Pologne, de Hongrie, et de Biélorussie. Cette forte immigration des années 1945-1955 est cachée par les propagandistes pro-occidentaux ainsi que par les propagandistes pro-russes, d'une part par ignorance, car les gens ne connaissent pas la démographie, et ensuite pour utiliser le prétexte noble de défendre la terre de ses ancêtres, même si les parents d'un quart environ des Ukrainiens de 1990 viennent d'ailleurs, à cause de ce vide de 1945. Ces immigrés connaissent encore plus mal l'histoire de l'Ukraine que les autres Ukrainiens, et notamment ils croient que l'Ukraine a toujours été assez unie, niant ainsi la carte pertinente de 1760. Asselineau ne comprend pas que la guerre actuelle est la suite de la guerre de 1940, comme le montrent le folklore nazi d'un côté et le folklore soviétique de l'autre côté.
- Asselineau exagère l'importance du but de Poutine de protéger les russophones d'Ukraine.
Il ne s'agit que de la troisième raison de la guerre actuelle.
-- La première raison est la crainte de l'attaque de l'Otan, d'abord contre les séparatistes, puis contre la Russie elle-même. Entre 2014 et 2022, l'Ukraine s'est considérablement réarmée, et a même commencé à chercher à avoir des armes bactériologiques et nucléaires.
-- La deuxième raison est la lutte contre les mafias ukrainiennes et sorosiennes, sans morale, qui répandent la drogue, l'anti-christianisme, et l'homosexualité. Elles déstabilisent, par extension, l'ordre chez les voisins biélorusses, caucasiens et russes. Cette deuxième raison est sous-estimée en Occident. Elle n'est pas facile à expliquer par Poutine, même s'il n'arrête pas de répéter vouloir lutter contre les "narcomanes".
Nonobstant, Asselineau a bien fait de montrer la carte de 1760 :
Néanmoins, au passage, il rate l'éléphant dans le couloir, qui est écrit "Jedisan" sur la carte, autrement dit une partie du territoire yiddish qui s'étendait de la Pologne jusqu'à Odessa, et qui explique la corruption ancienne et la longue habitude des mensonges.